“Le Maître et Marguerite”, Mikhail Bulgakov

Une oeuvre frappante, extraordinaire, complexe, dépassant, à mon avis, les bornes et bouleversant les canons préétablis de ce qu’est censée être la littérature russe. Le Maître et Marguerite se met à part par rapport aux grands noms de la littérature russe – Tolstoï, Dostoievski et Gogol – ayant ceci de particulier qu’il est très léger, humoristique, voire fantasmagorique. Vous ne trouverez pas ici de descriptions fleuries et interminables, mais plutôt des dialogues mémorables écrites dans un langage tranchant et précis. Il a fallu aussi bien l’avènement du régime soviétique de Staline que le talent hors pair de Boulgakov pour qu’un nouveau genre littéraire vienne rompre avec le réalisme social de Tolstoï et Dostoievski, tant la réalité sociale du régime soviétique était tellement épouvantable que continuer d’écrire à l’instar des grands noms littéraires aurait été déstabilisant pour les lecteurs, sans même tenir compte de la censure. Le résultat est une oeuvre purement allégorique et satirique, s’opérant à travers la suggestion et l’allusion, mais qui accomplit ce devoir de critique sociale et politique avec un admirable succès.

Comme tout chef d’oeuvre, on y retrouve tous les thèmes importants : la moralité, l’absurdité de la vie, la souffrance, l’amour, la spiritualité, et plus précisément, le combat de l’écrivain vis-à-vis du rejet de son oeuvre par la société : un thème cher chez Boulgakov qui, lui-même, a vécu cette épreuve.

À lire absolument, sinon pour la richesse et la profondeur de ses messages, du moins pour se divertir tout simplement !

5 étoiles sur 5

 

— C.S.

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